Le Festival de jazz de Vancouver a récemment rassemblé des musiciens du monde entier sur la côte ouest du Canada. Un groupe en particulier a apporté sur la scène un son distinct, fusionnant l’atmosphère des rythmes caribéens, de la musique de l’Afrique de l’Ouest et du Delta blues du Mississippi. Ils s’appellent Bokanté, qui signifie “échange” en créole.
La compositrice et chanteuse du groupe Malika Tirolien a grandi à la Guadeloupe. Elle vit aujourd’hui à Montréal et chante principalement dans sa langue natale, le créole.
“Pour moi, le créole est très, très important et j’en suis très fière”, affirme-t-elle. “C’est pour ça que j’en mets beaucoup dans ma musique. Et puis, c’est une si belle langue.”
“J’apporte ce parfum des Caraïbes, et j’amène aussi un peu du rythme gwo ka, qui vient de la Guadeloupe.” Elle explique ensuite la façon dont le groupe a collaboré pour produire leur dernier album, Strange Circles.
“Il y a un échange dans toutes les chansons. À chaque fois que quelqu’un joue, il amène ce qu’il est dans la musique.”
Dans cet album, la chanson “An ni chans”, qui signifie “J’ai de la chance” en créole, est pour Tirolien un exemple typique de la façon dont le groupe a fusionné toute une palette d’influences dans un seul titre.
“Je voulais avoir un rythme de la Guadeloupe”, dit-elle. “Mais comme tout le monde vient d’un endroit différent, le rythme a un peu changé. Tout le monde y a mis quelque chose, chacun a quelque chose à dire musicalement parlant. En fait, c’est comme une discussion, un échange multiculturel.”
Tirolien explique que le thème de cette chanson est “la chance qu’on a d’être entouré par une communauté et une famille qui nous aiment et nous donnent de la force.” Elle-même vient d’une famille artistique qui l’a soutenue : son grand-père était un poète, sa grand-mère était pianiste, et son père joue de plusieurs instruments.
Pendant sa jeunesse sur l’île de la Guadeloupe, Tirolien fut attirée par la soul, le R&B, le hip-hop, le jazz et par l’un de ses artistes préférés, Michael Jackson. Elle a ensuite déménagé au Canada pour étudier le jazz à l’Université de Montréal et a commencé à fusionner le hip-hop urbain avec le jazz et les rythmes caribéens.
La chanteuse de Bokanté Malika Tirolien dans sa loge avant leur concert de Vancouver. Crédit : Sonia Narang.
Maintenant le visage de Bokanté, Tirolien utilise la musique pour créer un échange avec son public quand elle chante en français et en créole.
“Peu de gens connaissent le créole, et ce qu’on fait aide un peu à placer la Guadeloupe sur la carte du monde”, dit-elle alors qu’elle ajoute en riant, “enfin, c’est ce que j’espère.”
Elle fut particulièrement heureuse de trouver une vidéo d’étudiants, en Malaysie, chanter l’une de ses chansons en créole.
“C’est un exemple comme quoi cette langue peut être chantée par des gens aussi loin d’ici”, s’enthousiasme-t-elle. “Ça me rend très, très heureuse, très fière, très humble et très reconnaissante que des gens loin d’ici chantent en créole.”
Ecrit par PRI/PRX’s The World
Traduit par Gwenaëlle Lefeuvre
Cet article a été publié sur Global Voices et est republié ici dans le cadre d’un accord de partenariat et d’échange de contenu.
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