Le Rara en Haïti est l’une des manifestations culturelles et traditionnelles les plus populaires dans ce pays aux côtés du carnaval, des fêtes patronales, etc. Malgré une organisation de plus en plus ordonnée au fil des années, le Rara n’est pas vraiment parvenue à s’étendre sur tout le territoire mais reste un peu concentré dans la partie Sud et Ouest du pays.
Le Rara est une forme musicale originaire de la culture vodou. Il revêt un caractère mystique et religieux qui inclue des cérémonies de sociétés secrètes avec de la musique spirituelle, mais aussi un caractère culturel et folklorique, avec de la musique populaire réadaptée qui anime des défilés de rue, généralement au cours de la semaine de Pâques.
La période Rara s’étend sur sept week-ends, qui débutent le jeudi suivant le carnaval, et se terminent par une démonstration culturelle dont une foire gastro-artisanale et défilé, le dimanche des Pâques. La musique est composée à partir d’une ligne de trompettes en bambou cylindrique ou en tuyaux métalliques appelés vaksen, accompagnées de tambours et de cloches en métal. On y trouve aussi quelques instruments taino-amérindiennes comme les güiros et les maracas. Les vaksens effectuent des sons répétitifs et rythmiques à l’aide d’un bâton ou une baguette. Les trompettes et les saxophones maintiennent les lignes mélodique et harmonique accompagnées de chants, de cris, de coups de sifflet et des slogans.
Les manifestations culturelles du Rara sont souvent organisées sur de longs trajets de marche sur fond de musique, cependant, d’autres activités peuvent reprendre ce genre musical en salle de concert, de danse, ou dans l’adaptation avec d’autres musiques pour son caractère festif et entrainant.
Le Rara haïtien est la plus ancienne activité culturelle qui existe dans ce pays. Pour certains, dont l’anthropologue Jean Coulanges, le Rara est un héritage des taïnos qui habitèrent l’île avant la période précolombienne. Pour bien comprendre son origine, il faut considérer l’équinoxe de printemps, jour consacré par les Mayas à la nature.
Pour d’autres, le Rara est plutôt un héritage des ancêtres africains qui vécurent dans la colonie de Saint-Domingue durant la période coloniale. Etant donné que les colons imposèrent la région catholique aux esclaves, ces derniers ont fait semblant de se soumettre aux principes religieux de leurs maîtres afin de pratique leurs propres rituels dans la clandestinité, en profitant du calendrier chrétien pour célébrer le Rara durant la période pascale.
« Le festival de Rara a probablement été développé au cours de la période de l’esclavage colonial, quand les esclaves africains et les afro-créoles dans la colonie de Saint-Domingue faisaient usage d’instruments musicaux durant le dimanche de Pâques »
Outre le caractère très ancien du Rara dans la culture haïtienne, les bandes de Rara sont aussi les institutions les plus fidèles et durables dans ce pays. Certaines bandes comptent plus de deux siècles d’existence, comme Nouvelles Des Jeunes et Bryant de Signo, toutes deux fondées en 1806, et Sainte Thérèse en 1820 dans la commune de Léogâne. Elles demeurent de véritables patrimoines nationaux et culturels qui maintiennent vivante l’âme de la tradition de tout en peuple à travers de très longues histoires.
Stanley LEANDRE
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