Par Stanley Léandre 

Au cours de la cérémonie d’investiture des nouveaux responsables du Ministère de la Culture et de la Communication, le nouveau titulaire de la Direction Nationale du Livre, Monsieur Jean Emmanuel Jacquet, co-propriétaire de l’agence de presse en ligne, SibelleHaïti, est officiellement installé par le gouvernement haïtien, le Mardi 28 Avril. LE COURRIER DU MONDE se fait le plaisir de vous rapporter les propos de son discours.

« Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication, Messieurs les Directeurs généraux ici présents, Monsieur le Directeur général sortant, vous tous et toutes, ami.e.s du livre et de la culture, employé.e.s et invité.e.s, mesdames et messieurs,

Bonjour et Merci d’être ici à cette cérémonie d’installation,dans un contexte marqué essentiellement par la pandémie du Covid-19 à travers le monde, où tout est focalisé sur la survie. Ce qui est Légitime. Parce que la vie doit pouvoir, au-delà de tout, continuer. Et le livre exister. D’ailleurs, ce petit objet en papier, exploité aussi depuis quelques temps à travers le numérique, n’a-t-il pas son rôle à jouer en ce moment de confinement ? La DNL va ainsi devoir agir vite et bien.

Merci au plus fort et plus juste de tout, Celui qui nous permet d’être ici en ce moment, Notre Seigneur, Mon Guide. Merci ensuite au Président de la République, Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, qui a fait choix de moi, au Premier Ministre, Monsieur Joseph Jouthe, ainsi que tous ceux et celles qui ont supporté la démarche et cru en mes capacités à prendre le relai, notamment le Ministre de la Culture et de la Communication, M. Pradel Henriquez, et l’ancien Premier Ministre et ministre de la culture, M. Jean-Michel Lapin. Nous saluons en passant le Directeur général sortant, Frantz Carly Jean Michel, qui a travaillé pendant un long moment pour le bien du livre, notamment à travers une belle initiative, la Foire Internationale du Livre d’Haïti (FILHA) qui a offert à côté de plusieurs évènements comme Livres en folie, et d’autres à Port-au-Prince ou dans la province, une belle fenêtre au livre haïtien. Nous le remercions.

Nos actions à la tête de la Direction Nationale du Livre s’articuleront autour de deux grands axes : Premièrement – Le livre et le savoir comme vecteur de développement local durable.

En effet, le dynamisme et la créativité des écrivains haïtiens sont de plus en plus reconnus à l’échelle internationale comme en témoignent les nombreux prix obtenus ces vingt dernières années par plusieurs auteurs de toutes les générations. De Yanick Lahens à Gary Victor, de Lyonel Trouillot à James Noël en passant par Émelie Prophète, Kettly Mars, Makenzy Orcel, Faubert Bolivar, sans oublier les révélations comme Marvin Victor, Néhémy Pierre-Dahomey, ni les célébrités comme Danny Laferrière, la production littéraire haïtienne se porte bien et s’exporte aisément.

Cette production constituerait même un potentiel à développer et à exploiter dans le cadre d’une politique publique innovante axée sur les fondamentaux du développement durable, faisant du livre et du savoir, un vecteur de croissance économique.

Cependant cette fièvre créatrice se trouve parfois handicapée par une absence d’infrastructures et de cadre institutionnel adéquats. La chaîne du livre haïtien est confrontée à des problèmes de carence en bibliothèques publiques et centres culturels de proximité, d’absence criante de soutien à la création, d’absence manifeste de journaux et de revues spécialisés et, donc, de relais médiatiques professionnels portant l’écho des nouvelles publications.

Dans un tel contexte où l’urgence de structuration d’un secteur qui ne cesse d’affirmer sa vitalité, tant sur le plan des publications que de la création, se fait sentir, la question de la dynamisation et de la modernisation du marché du livre se pose comme un défi nécessitant collectivement des actions à visée pérenne impliquant tous les acteurs du livre.

L’État central, à travers le Ministère de la Culture, et celui de l’Education Nationale, mais aussi les Collectivités et les Municipalités, en partenariat avec les opérateurs du secteur privé, devraient accompagner ce processus à travers des actions ciblées comme des événements périodiques autour du livre, des foires et des salons, notamment à travers les écoles, qui, en marge des librairies et des bibliothèques, font partie intégrante de la chaîne de diffusion du livre.


En ce sens, la Direction Nationale du Livre jouera son rôle de catalyseur pour des actions visant la professionnalisation du marché du livre haïtien au su de toutes les parties prenantes,auteurs, éditeurs, distributeurs, libraires et lecteurs.


Nous encouragerons les initiatives autour du livre (foires, salons, prix littéraires, etc.) dans tous les départements du pays, avec la plus grande ouverture d’esprit possible et la plus grande disponibilité ; car nous serons à l’écoute de tous les opérateurs du secteur sans préjugé aucun. Pour permettre à la population d’avoir chaque jour plus d’accès au livre, qui reste et demeure, selon l’auteur, notre ami, Rodolphe Mathurin « la plus belle invention de l’humanité ».

Le deuxième axe prioritaire que nous développerons est :Le renforcement des Centres de lecture et d’animation culturelle, CLAC, à l’échelle nationale
Tout en continuant d’être des espaces de lecture et d’animation culturelle pour des jeunes, ces CLAC seront aussi et surtout des lieux de transmission du savoir, savoir patrimonial, savoir scientifique.

L’objectif visé à moyen terme, nous insistons là-dessus, à moyen terme, c’est de voir que chaque commune du pays ait au moins un CLAC fonctionnel et dynamique. Ce n’est pas un vœu pieux, c’est possible avec le support du pouvoir central, du Ministère de la Culture et de tous nos partenaires de l’international, notamment l’Organisation Internationale de la Francophonie. Avec ses représentants officiels dans le pays, nous entamerons immédiatement des discussions en vue de redorer le blason de cette collaboration, et repartir avec le plus grand dynamisme.

Mesdames messieurs, les premiers partenaires de la DNL ce sont d’abord les écrivains et les jeunes. L’avenir du livre et de la littérature en Haïti dépend en grande partie des jeunes. Ce sont eux, en effet, qui ont la noble tâche de continuer cette grande tradition de qualité qui a toujours caractérisé la production littéraire haïtienne. La mise sur pied de plusieurs salons et la création de plusieurs nouveaux prix dans le pays durant ces dernières années, montrent l’engouement des jeunes pour l’écriture et tout ce qui a rapport au livre.

La Direction nationale du livre continuera d’être pour eux non seulement un lieu d’encadrement, mais aussi un espace où ils pourront se former à travers des ateliers, et acquérir de l’expérience professionnelle. Car, l’investissement dans le capital humain a des rendements à court terme et à long terme.

Merci infiniment ! »

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