Depuis l’arrivée de Jovenel Moïse au pouvoir en Haïti, le pays fait face à un ensemble de troubles sociaux marqués par des manifestations populaires, des blocages et une situation d’insécurité sans précédent. Des cas de kidnapping se sont multipliés, des assassinats principalement de femmes et d’enfants deviennent monnaie courante dans les quartiers défavorisés, des massacres toujours non élucidés, la prolifération de gangs armés qui sèment la terreur un peu partout dans le pays ne connait aucune limite.

Le pouvoir en place est souvent accusé par des secteurs de la société civile et des organisations des Droit Humains d’être de mèche avec les bandits armés, en particulier cette coalition de gangs armés dénommée G9 et alliés qui aurait vu le jour sous la direction de l’Administration de Jovenel Moïse pour s’assurer de gagner les prochaines élections selon ce qu’a dénoncé le Réseau National des Droits Humains – (RNDDH).

Les débats autour de l’organisation des élections en Haïti se font en général sur fond de violence marquée par une insécurité qui inspire la peur : la peur des votants de se rendre aux urnes au risque de se faire massacrer. Le président est en train de multiplier les rencontres afin de procéder à la mise en place du CEP – le Conseil Électoral Provisoire, institution indépendante qui sera en charge d’organiser les prochaines élections dans le pays, tout en se battant maladroitement contre cette insécurité qui gagne allègrement du terrain.

Si des observateurs constatent l’inefficacité du pouvoir en place à combattre l’insécurité, certains secteurs pensent que Jovenel Moïse dispose de toute la latitude pour faire face au phénomène s’il le voulait vraiment. Depuis la caducité du pouvoir législatif, Jovenel Moïse a lui-même procédé à la nomination de son Premier Ministre et le choix de ses ministres, en particulier son ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, il a lui-même choisi son chef de la police et son Commissaire du Gouvernement sans validation du Parlement dysfonctionnel.

L’insécurité continue toutefois de faire vivre l’enfer aux haïtiens, et la semaine écoulée comme pour marquer la dernière goutte d’eau qui fait déborder le vase, quatre personnalités importantes ont été assassinées dans l’espace de 24 heures à Port-au-Prince.

Assassinat de l’homme d’affaires, Michel Saieh le 27 août 2020 au Centre-Ville de Port-au-Prince

L’homme d’affaire de 80 ans, propriétaire d’un supermarché situé non loin du Palais Présidentiel a été assassiné dans sa voiture le jeudi 27 aout 2020 vers midi trente par des hommes armés circulant à moto, à l’avenue John Brown, au Centre-Ville de Port-au-Prince. L’homme d’affaire accompagné de sa femme a reçu une balle dans la bouche alors que son épouse a été touchée au bras. Monsieur Saieh est mort sur le coup, alors que sa femme et le chauffeur ont été transportés à l’hôpital.

«Le véhicule qui a été la cible de tirs comptait trois occupants: Michel Saieh, son épouse et le chauffeur Carl Jérome. L’attaque a été commise par des individus non identifiés circulant à moto», a indiqué à l’AFP Gary Desrosiers, porte-parole adjoint de la police nationale haïtienne.

Assassinat du journaliste, Frantz Adrien Bony le 27 août 2020 à Pétion-Ville

Frantz Adrien Bony a été assassiné par des bandits armés dans la soirée du jeudi 27 août 2020 à Pétion-Ville. Atteint d’une balle à la tête, le jeune chroniqueur rentrait d’une soirée en hommage à un très célèbre chanteur haïtien.

Assassinat de l’homme d’affaires, Jean Wilner le 27 août 2020 à Pétion-Ville

L’entrepreneur de 41 ans Jean Wilner, propriétaire d’un restaurant à Pétion-Ville a été touché par un  projectile dans la poitrine alors qu’il se faisait cambrioler. Il serait mort à l’hôpital.

Assassinat de Monferrier Dorval, Le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, le 28 août 2020 à Pétion-Ville

Ancien avocat de la SOGENER, compagnie prise pour cible par le pouvoir en place, accusée de surfacturation et d’escroquerie, Me. Monferrier Dorval, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince a été assassiné en rentrant chez lui le soir du 28 août 2020, dans le quartier de Pèlerin 5, à quelques mètres de la résidence privée du président Jovenel Moïse. L’homme de loi est mort seulement quelques heures après des déclarations à la radio, en particulier après avoir exprimé son amour pour le pays, et en déclarant que le pays n’est pas dirigé.

Le président de la république a rapidement réagi par un tweet en promettant une fois de plus au peuple haïtien que ce crime ne restera pas impuni.

Voici une liste non exhaustive de victimes de violences armés rapportée par une agence en ligne à Port-au-Prince. Il y a d’autres part beaucoup de cadavres qui jonchent au quotidien les rues de Port-au-Prince, des cadavres non identifiés, non réclamés et non déclarés par les autorités.

Assassinat du jeune professeur et entrepreneur Obelson Pierre le 24 août 2020 lors du cambriolage de sa maison. Les criminels ont aussi tabassé son épouse.

Une femme et son bébé de 4 mois tués à Ganthier par le Gang 400 marozo le 3 août 2020.

Une enfant de 8 mois, a été tué d’une balle perdue, lors d’affrontements, dimanche matin 12 juillet 2020.

Norvella Bellamy, un cadre de la BRH et ancien étudiant de l’UQAM au Canada, est mort assassiné par balle samedi 27 juin 2020 à l’intérieur de sa résidence située à Fragneau-Ville, Delmas 75.

Mamoune Régi, une adolescente de 14 ans a été abattue par balle au Cap-Haïtien le jeudi 18 juin 2020 par un agent de sécurité de la compagnie « Lions Sécurité ».

L’écrivaine Farah Martine Lhérisson et son époux assassinés le 15 juin 2020 lors d’une attaque dans leur résidence privée à Péguy-Ville.

Des individus armés et à moto ont exécuté Claude Sénant ce mercredi 20 mai 2020. Le jeune homme d’une trentaine d’années environ a reçu plusieurs projectiles.

Ganard Josephalias Ti Gana, militant politique de la commune de Cité Soleil a été assassiné par balles à Pernier le 16 mai 2020.

Des individus armés ont assassiné dans la nuit du 13 mai 2020, le nommé Uberman Lubin connu sous le sobriquet de « Biggy », ancien rappeur du groupe « Espas ».

Des individus armés ont tué par balle, Maxo Sauveur, un employé de la Direction générale des impôts (DGI) ce vendredi 8 mai 2020 à la Ruelle Rivière.

Fabrice Pierre, un cinéaste a été lynché par des hommes armés à Jacmel le 4 mai 2020.

Le vendredi 17 avril 2020, Watson Fortuné, un agent 2 issu de la 24e promotion, a été tué à Carrefour Drouillard d’une balle à l’œil gauche dans la commune de Côté Soleil.

Des individus armés non identifiés ont tué, dans l’après-midi du samedi 14 mars 2020, un agent de la Police nationale d’Haïti (PNH) identifié sous le nom de James Vertus.

Jean Fenel Monfleury, un huissier affecté au tribunal de paix de Pétion-Ville a été tué de plusieurs balles ce lundi 2 mars 2020 vers 19 heures à la rue Lambert à Pétion-Ville non loin de son lieu de travail.

Un chauffeur de camion, Ismaël López Morales de la société dominicaine Propagas, a été tué par des individus non identifiés après avoir été victime d’une tentative de détournement de son chargement, alors qu’il s’apprêtait à réaliser une livraison de Gaz le 7 février 2020 à Nan Papay.

Julien Roubens, un agent de la Police nationale D’Haïti (PNH) affecté à la Brigade d’intervention motorisée (BIM), aurait été tué selon les premières informations par un agent de sécurité d’un motel dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 janvier 2020, il a reçu plusieurs projectiles par suite d’une altercation entre les deux hommes.

Le mardi 7 janvier 2020, des individus armés, circulant à moto, ont assassiné par balles, à Tabarre 52, le magistrat Antoine Luccius, suppléant juge de paix à l’annexe du tribunal de paix de Ganthier, à Fonds Parisien.

Yvon Julisse, membre du corps de « police parlementaire », a été tué d’une balle dans la tête ce samedi 4 janvier 2020. L’incident s’est produit à Delmas 95.

Un présumé bandit spécialisé dans le vol à main armée a été tué, le 9 décembre 2019, à Lamandou, dans la commune de Jacmel, lors d’un braquage raté.

Deux Français d’une quarantaine d’années ont été abattus samedi 23 novembre 2019. Le couple était venu dans le pays dans le cadre d’une procédure d’adoption.

Assassinat, dimanche 20 octobre 2019, du policier, Telus Jocelyn affecté au commissariat de Carrefour. Des bandits armés au Bicentenaire ont tiré en direction d’une patrouille, l’inspecteur de police a été atteint d’une balle à la tête, a fait savoir M. Desrosiers.

Le journaliste Néhémie Joseph a été assassiné 10 octobre 2019 à proximité du parc de Bayas, dans la municipalité de Mirebalais (centre du pays).

Francky Faustin, un jeune policier âgé de 31 ans, a été lâchement abattu mardi 1er octobre 2019 par des individus armés.

Un membre de la Plateforme politique, « Pitit Dessalines » Josemano Victorieux dit Badou a été tué par balles, dans la soirée du samedi 28 septembre 2019, à Delmas 33, par des individus non identifiés circulant à bord d’un véhicule.

Fabien Jean Ronel, chauffeur de l’AFD et membre de l’église adventiste du 7e jour Philadelphia de Croix des bouquets, a été tué par balles. Le crime a été commis par des individus non identifiés dans la commune de Croix des bouquets, le mardi 24 septembre 2019.

Un employé du Ministère de la justice et de la sécurité publique (MJSP), affecté au Parquet de Port-au-Prince, identifié sous le nom Waslin Saint-Fleur, a été tué par balles, le 27 septembre 2019 en sa résidence située à Delmas 5, par des individus armés non encore identifiés par les forces de l’ordre.

Rigueur Pierre-Richard, un jeune homme a été tué à Kafou Tifou par balles assassines des individus qui circuleraient à bord d’un véhicule RAV4 de couleur rouge le 20 septembre 2019.

Vladimir Fédé, âgé de 30 ans et père d’une fillette de 6 ans a été assassiné de sang-froid le lundi 16 septembre 2019 dans la commune de Carrefour. Des témoins ont pointé du doigt une patrouille policière dans le meurtre de ce jeune homme qui manifestait contre la rareté des produits pétroliers sur le marché haïtien.

Le jeune entraîneur de basket-ball, Peterson Paul, est abattu le jeudi 1er août 2019 à Martissant.

Le journaliste de Radio sans fin (Rsf), Pétion Rospide, a été tué par balles dans la soirée du lundi 10 juin 2019 à Port-au-Prince.

Jean Luckner, agent de la Police nationale d’Haïti (PNH), est tombé sous les balles des individus armés, ce samedi 1er juin 2019 à Santo 22, commune de Croix-des-Bouquets.

En juin 2019, un agent de l’unité de sécurité générale du palais national assassine un motocycliste.

Assassinat d’Alix Gaillard, professeur de construction civile, en quatrième année de génie civil à la Faculté Des Sciences (FDS) de l’Université d’État d’Haïti (UEH), le 22 mai 2019, à Delmas 18.

Ce lundi 6 mai 2019, le citoyen Phillipe Jean a été assassiné aux Gonaïves par des individus armés circulant à motocyclette. La victime connue sous le nom de Pipo était un homme d’affaires dans la localité de Gattereau au nord des Gonaïves où il était propriétaire de « Pipo 6 Auto parts et Hôtel ».

Des individus armés ont tué par balles, ce samedi 9 mars 2019, à Lalue, Gladys DUPONT qui revenait de la banque Vêtue d’une robe à fleurs.

Au moins 40 personnes ont été tuées par balle et 82 autres ont été blessées, lors des mobilisations antigouvernementales, du jeudi 7 au dimanche 17 février 2019. C’est ce qu’indique le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), dans un rapport en date du 19 mars 2019.

Roberto Badio Thélusma14 ans, est mort par balle hier 9 février 2019, non loin de l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), lors de la troisième journée de mobilisation antigouvernementale. Des témoins pointent du doigt des agents de la PNH.

L’ex-jeune ministre du gouvernement jeunesse, Andrice Cheriza, a été tué de plusieurs balles hier vendredi 14 décembre 2018, près du marché Guérite à Port-au-Prince.

Du 13 au 18 novembre 2018, des dizaines de personnes sont assassinées à La Saline. Des gangs liés au pouvoir en place sont en cause, selon plusieurs rapports.

Assassinat de Benjamin Ecclésiaste, à la rue Saint Martin en date du 15 avril 2018.

Une jeune fille de 25 ans est tuée par balles dans le quartier de Thomassin en février 2018.

Le prêtre haïtien Joseph Simoly, 54 ans, est décédé par suite d’une attaque menée le 22 décembre 2017 par trois individus armés circulant à moto sur la route de Frères, dans la commune de Pétion-Ville.

L’expert en technologie, également directeur exécutif des services numériques à la Sogebank, Michel Stéphane Bruno, âgé de 42 ans, a été abattu par des bandits armés, dans la soirée du mercredi 15 juin 2016, à Puits Blain 17 (périphérie nord-est).

Par Joseph LÉANDRE

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