Le jeune agronome haïtien Ananias Pierre tire la sonnette d’alarme sur la consommation abusive du cœur de palmiste communément appelé le « Chou Palmiste » en Haïti. Cette pratique adoptée par la population de la Grand’Anse en particulier de consommer le « Chou Palmiste » durant les périodes pascales remonte à des années. Toutefois, suite au passage dévastateur du cyclone Mathieu au dernier trimestre de 2016, les haïtiens ont pu assister à la destruction de plus de 85% des palmistes et des cocotiers dans le Grand Sud.

Le « chou palmiste » est la partie charnue du palmiste, la région où les nouvelles feuilles prennent naissance. Cette partie tendre et comestible est extraite après l’abattage de l’arbre pour finir dans les assiettes et consommée parfois crue par les enfants. Si les choux verts prennent seulement quelques semaines pour arriver à terme, il faudra plus qu’un demi-siècle avant d’avoir un cœur de palmiste à consommer en une seule journée.

La partie Sud du côté  occidental de l’île surtout caractérisée par la présence de cocotiers et de palmistes tout le long des routes, à l’intérieur des terres et aussi sur les côtes. La plupart de ces arbres emblématiques ont été détruits ce qui fait qu’il en reste cruellement peu. De longs mois après le passage du cyclone, la zone Sud du pays offrait le triste spectacle de cocotiers et de palmistes allongés au sol pour alourdir le bilan des pertes en vies humaines, la destruction de maisons, de récoltes et la disparition de bétail.

Selon le jeune agronome, il faudra plusieurs décennies pour remédier à cette tragique perte. Il a fait remarquer que, si les haïtiens peuvent réussir à récupérer les cocotiers même sur plusieurs années, il s’avère extrêmement difficile de revenir sur la situation des palmistes puisque, l’indice de croissance de ces arbres est nettement inférieur à la fréquence de l’abattage pour la consommation. Il faudra en effet attendre plus de 50 ans pour avoir un palmiste adulte qu’on  abattra en un jour. Le problème réside au fait que, cet arbre est une plante qui ne se cultive pas, et dont les plantules sont si rares qu’il est quasiment impossible de s’en procurer en vente.

Chaque année, des dizaines de palmistes sont abattus pour la consommation durant la semaine sainte. Et malgré la lourde perte qu’a connue le pays en 2016, les gens continuent de détruire ces arbres tous les ans sans aucune stratégie ni plan de reboisement. Les autorités haïtiennes restent muettes face à ce phénomène qui indubitablement approche dangereusement les palmistes de l’extinction.

Ananias Pierre est un jeune agronome diplômé de l’Université Autonome de Saint Domingue (UASD) en Génie Agronomique en 2016. Il fait donc partie des nombreux haïtiens qui ont laissé le pays pour faire des études à l’étranger puis revenir offrir leur expertise à la société. Il a fondé en 2016 le Centre des Investigateurs pour le Développement de l’Agriculture et Foresterie d’Haïti (CIDAFH) avec d’autres collègues de sa promotion.

Depuis quelques temps, Ananias Pierre entreprend des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux afin d’attirer l’attention de la population en générale et les autorités haïtiennes sur l’importance de protéger les palmistes contre l’extinction, et profite pour dénoncer le caractère cruel de la consommation en un jour de plus d’un demi-siècle d’histoire.

Joseph LEANDRE

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