Le journal britannique The Guardian a révélé ce 30 Avril 2020 qu’il aurait reçu des plaintes contre la personne de monsieur Yves Jean-Bart, Président de la Fédération Haïtienne de Football depuis environ 20 ans, pour question d’abus sexuel sur de jeunes joueuses. Le journal anglais a précisé qu’une fille aurait subi des menaces de se faire renvoyer du centre si jamais elle refuse de se faire abuser […]

Suite à cette accusation, monsieur Yves-Jean Bart a signé ce samedi 2 mai 2020 un communiqué de presse  dans lequel il revient à charge en essayant d’apporter des éléments pour sa défense.

Ce communiqué intitulé « THE GUARDIAN DU 30 AVRIL 2020 : UN NOUVEAU COUP DUR PORTE AU FOOTBALL D’HAITI »  est manifestement un moyen subtile de M. Jean-Bart de détourner l’attention sur les actes qui lui sont reprochés. M. Jean-Bart associe intelligemment sa personne à la FHF pour attirer la compassion des siens et passer l’éponge sur les allégations comme c’est monnaie courante en Haïti, comme il a bien fait savoir, c’est une attaque contre le Football haïtien. Essayez de comprendre par vous-même !

Monsieur Jean-Bart a construit dans son imaginaire de chef absolu, une défense solide, un mur incassable qui mettrait à mal tout enquêteur sur le dossier. Ce mur est construit à partir de six questions pertinentes selon lui bien évidemment, mais qui seraient, d’après analyse, encore plus accablantes que les allégations elles-mêmes.

  1. Qui sont les victimes, n’ont-elles pas une identité et un visage ?
  2. Pourquoi aucune plainte n’a été portée par devant la justice haïtienne ?
  3. Pourquoi les auteurs de l’article n’ont pas saisi la FIFA ou la CONCACAF qu’ils prétendent à leur disposition ?
  4. Pourquoi ce dossier n’a jamais été ébruité dans la presse ?
  5. Pourquoi aucune alerte n’a été donnée aux organisations des droits humains, notamment les organisations de femmes ?
  6. Pourquoi c’est un journal anglais, se trouvant en Europe qui en parle pour la première fois ?

On ne va pas y aller trop fort mais voyons !

Seulement trois questions sont posées ici, elles sont innocentes je l’admets et je me demande bien, est-ce que M. Jean-Bart dans l’empressement de contrattaquer a eu le temps d’avoir l’avis d’un conseiller juridique.

Les questions 1, 2, 4, et 5 sont une seule et même: « Pourquoi ne m’a-t-on  pas dénoncé depuis tout ce temps ? »

Pour lui, probablement, c’est la première fois qu’on a à poser ces genres de questions dans des cas d’allégation d’abus sexuel. Mais au lieu de répondre directement, je vous invite à réfléchir un peu avec moi…

Les haïtiens ne font pas confiance au système de justice dans ce pays, surtout les plus faibles. Vous vous défendez selon le contact que vous avec dans le système et le bras long qui peut vous tirer d’affaire. Ce système marqué par la corruption, et profondément contrôlé par les hommes ne laisse pas de chance aux plus faibles, et aux femmes en particulier. Je vous invite à vous rappeler l’issue, s’il y en a eu une, des violences dont une autorité municipale, par la personne de Nice Simon, a été victime sans pouvoir obtenir justice parce qu’elle est une femme. Après avoir été ridiculisée, son agresseur se baladait impunément,  donnait des conférences de presse sous les yeux indifférents des autorités judiciaires.  

Alors je vous laisse répondre par vous-même : dans ce système de justice, à quel score s’élèverait la chance d’une simple jeune joueuse de football qui porte plainte contre son patron, celui qui a la capacité et le pouvoir de tenir sous son contrôle une importante institution nationale depuis plus de 20 ans ?

Je rappelle que Dadou Jean-Bart a été vu sur les réseaux sociaux en compagnie d’une jeune joueuse dans une posture qui visiblement a mis cette dernière mal à l’aise pendant une interview. La fille n’a pas été dans sa peau, alors monsieur le président, pourquoi elle n’a pas dit non devant la caméra ?

Je profite pour porter à votre attention que :

« Le fait de ne pas avoir le courage de dire NON ne  veut pas dire qu’on consent ! »

« Le fait de ne pas avoir le courage d’aller porter plainte ne  veut pas dire qu’on n’a pas été victime! »

Beaucoup de victimes sont dans, ou sont réduits dans le silence car elles sont trop faibles, elles ont trop peur. Elles sont soumises au pouvoir de leur agresseur qui souvent n’a même pas besoin de les menacer tant que l’emprise est profonde. Le président de la Fédération peut décider de l’avenir des filles dans ce pays précaire qu’est Haïti, il a le pouvoir de les maintenir en silence, c’est lui leur tout-puissant. Il a demandé une enquête, qui osera témoigner contre lui ?

Je profite pour préciser que, ces accusations restent des allégations. L’analyse des faits peuvent être  accablante, cela ne veut pas dire que M. Jean-Bart n’est pas innocent jusqu’à preuve du contraire. Il ferait alors mieux de se bâtir une meilleure défense, car ce jeu auquel il s’apprête dans le but de détourner l’attention de l’opinion publique sur les actes qui lui sont reprochés en essayant de  les associer à des torpilles dirigées contre de la FHF n’est pas digne de lui. Il ferait mieux de répondre de ce qu’on lui reproche sans se cacher derrière sa position.

Ce qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est qu’il y a des gens qui suivent de près cette affaire, des gens au silence très assourdissant…

A suivre…

Joseph LEANDRE

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