La Covid-19, identifiée pour la première fois en décembre 2019 dans la ville de Wuhan, capitale de la province de Hubei, en Chine centrale, s’est propagée rapidement à travers le monde. Le 11 mars 2020, l’urgence sanitaire a été déclarée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme une pandémie mondiale.

Pour prévenir la propagation du virus, les gouvernements de tous les pays touchés, développés ou moins développés, ont imposé, entre autre, des restrictions de voyage, des annulations d’évènements, la fermeture des écoles et des universités ainsi que la suspension d’activités dans plusieurs secteurs. A tout cela s’ajoute la fameuse mesure du confinement.

En Haïti, depuis l’identification du virus, le 19 mars 2020, les autorités essayent tant bien que mal de demander à la population de rester chez elle. Il est vrai que l’urgence actuelle rend cela nécessaire, mais le choix entre sortir ou ne pas sortir semble être une équation très compliquée à résoudre pour des personnes qui gagnent de quoi vivre au quotidien.

Compte tenu de la précarité socio-économique du pays, on se demande combien de temps la population haïtienne supporterait-elle le confinement, si ce dernier arrivait à s’appliquer réellement? Dans cet article nous comptons analyser quelques facteurs pour mettre en évidence la complexité de cette mesure pour la majorité de la population. Mais juste avant il nous semble important de présenter certains chiffres concernant le pays.
« En 2020, 4.6 millions d’haïtiens, soit environ 40% de la population totale, auront besoin d’une aide humanitaire d’urgence, dont plus de 57% sont des femmes et 45.5% sont des enfants », a estimé le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Humanitaires (OCHA) dans son dernier bulletin consacré à la crise humanitaire en Haïti. « Un Haïtien sur trois a besoin d’une aide alimentaire urgente, soit 3.7 millions de personnes, une augmentation importante par rapport à 2.6 millions de personnes en fin 2018.

Si aucune action immédiate n’est entreprise, entre mars et juin 2020, 1.2 million de personnes pourront manger un seul repas par jour », a fait savoir l’OCHA estimant qu’une crise économique est la dernière chose dont les haïtiens ont besoin. Il faut ajouter que ces données ont été estimées bien avant que la pandémie ne vienne paralyser l’économie mondiale. En ce moment, ces estimations devraient être réévaluées à la hausse.

Une bonne partie de la population dépend de l’économie informelle.
Ce n’est un secret pour personne qu’un bon nombre d’haïtiens et d’haïtiennes doivent sortir tous les jours pour gagner leur vie. Les marchand.es ambulant.es, les « madan sara » et beaucoup d’autre encore ne vont pas trouver de quoi nourrir leur famille s’ils ne gagnent pas la rue.

«Dans ce cas, comment s’en sortir sans sortir si l’on doit sortir pour gagner sa vie? Mais en voulant gagner sa vie, on peut la détruire tout simplement. Seront-ils obligés de mourir de faim ou de coronavirus ? »

s’interroge Jean Rony Gustave, anthropologue-sociologue de formation et doctorant en ethnologie et patrimoine.

Une population délaissée
Depuis la rentrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire sur toute l’étendue du territoire national, peu de mesures ont été prises pour accompagner réellement les personnes les plus faibles. « De la nourriture et de l’argent cash pour les familles les plus vulnérables, des compensations salariales pour les professeurs des universités et écoles privées, l’achat d’équipement et de matériels médicaux à l’étranger… » des promesses qui ont été faites par le président de la république et reprises un mois après, soit le lundi 27 avril, lors de son adresse à la nation. Ces matériels et équipement médicaux pour faire face à la pandémie, commandés par le gouvernement pour la somme de 2 milliards de gourdes, ne sont arrivés au pays que le jeudi 7 mai, alors que le COVID-19 gagne du terrain et continue à faire des victimes. S’il avait promis 3.000 gourdes aux familles qui vivent dans les villes et 2.000 gourdes à ceux qui vivent dans les provinces, le chef de l’Etat a finalement annonce que ce sont toutes les familles concernées qui recevront 3.000 gourdes via la plateforme MonCash. Mais quand est ce que les personnes les plus vulnérables vont avoir accès à ce fonds ? Que représentent ces 3.000 gourdes si on considère le taux d’inflation actuel et le taux de change dépassant déjà la barre des 100 gourdes pour 1 dollar ? Et ceux qui n’ont pas un téléphone portable ou même qui ne connaissent pas l’existence du système MonCash ?

Il semble que ce n’est pas du manque d’aide que souffriront les haïtiens, mais le temps que prendront ces aides pour parvenir à la population.

Le Scepticisme des gens
Malgré l’augmentation du nombre de personnes infectées, ils sont encore nombreux ceux qui se demandent s’il y a vraiment la COVID-19 en Haïti. Certains se moquent même des gens qui portent un masque de protection, pour eux on fait juste semblant, car si le virus était réellement dans le pays on aurait recensé plus de morts. D’autres croient que c’est Dieu qui protège Haïti et que rien ne va arriver. Ainsi, ils négligent les consignes d’hygiène et ils sortent vaquer à leurs occupations sans protection. Avec des dirigeants qui n’inspirent pas trop confiance, il faudra trouver mieux pour convaincre ces gens du danger réel auquel ils s’exposent.

En conclusion, une chose est sûre, les haïtiens ne veulent ni mourir de faim, ni mourir de la COVID-19. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une population dotée d’une extraordinaire capacité de résilience. Mais si on continue à compiler de nouveaux cas de personnes infectées, si on s’attarde à comprendre que pour préserver sa vie on doit prendre notre responsabilité personnelle et si les autorités ne redoublent pas de diligence pour combattre cette pandémie dans le pays, alors ce sont nos deux ennemis imminents, à savoir la faim et la COVID-19, qui feront le choix à notre place.

Par Amèd JEAN LOUIS

étudiant finissant en sciences économiques à FDSE

Références : www.lenouvelliste.com

TV5MONDE-informations www.haitilibre.com

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